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alain de benoist - Page 137

  • L'ennemi de l'ultra-capitalisme et l'ennemi de l'économie, ou presque

    Nous reproduisons ici un point de vue intéressant, publié le 10 janvier 2010 sur le site de De Defensa sous la plume de Géo, un lecteur, et consacré à deux critiques du capitalisme, celle d'Alain de Benoist et celle de Michel Aglietta.

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    L'ennemi de l'ultra-capitalisme et l'ennemi de l'économie, ou presque

    Alain de Benoist et Michel Aglietta n'ont pas grand’chose en commun, si ce n'est leur hostilité à l'économisme. Le premier relève d'une droite à la réputation sulfureuse, le second ressemble plus a un hétérodoxe de gauche, qui n'a évidemment pas l'audience d'un Baverez, mais n'a jamais subi le feu roulant des médias.

    À noter du premier l'article «Contre Hayek» (http://www.alaindebenoist.com/pdf/contre_hayek.pdf) texte à la fois soutenu et d'un format supportable sur écran, qui montre en particulier un Hayek déguisant en tradition la subversion ultra-capitaliste. Ceci peut intéresser les lecteurs d'un site qui oppose parfois la tradition à la raison devenue folle:

    [...] «La société moderne forme donc pour Hayek un “ordre spontané” qu'aucune volonté humaine ne saurait reproduire ni surtout dépasser, et qui se serait formé selon un modèle inspiré du schéma darwinien. La civilisation moderne ne relèverait en effet fondamentalement ni de la nature ni de l'artifice, mais d'une évolution culturelle où la sélection se serait opérée d'elle-même.

    »Dans cette optique, les règles sociales jouent le rôle attribué aux mutations dans la théorie néodarwinienne : certaines sont retenues parce qu'elles se révèlent “plus efficaces” et confèrent un avantage à ceux qui les adoptent (ce sont les “règles de juste conduite”), tandis que les autres sont abandonnées.

    »“Les règles sont, non pas inventées a priori, mais sélectionnées a posteriori, écrit Philippe Nemo, à la faveur d'un processus d'essais et d'erreurs et de stabilisation”. Une règle sera retenue ou rejetée selon qu'à l'expérience elle se révèlera ou non utile à l'ensemble du système constitué par les règles déjà existantes. Hayek écrit: “C'est la sélection progressive de règles de conduite de plus en plus impersonnelles et abstraites, libérant le libre arbitre individuel tout en assurant une domestication de plus en plus stricte des instincts et pulsions hérités des phases précédentes de son développement social qui ont permis l'avènement de la Grande Société en rendant possible la coordination spontanée des activités de groupes humains de plus en plus étendus”. Et encore: “Si la liberté est devenue une morale politique, c'est par suite d'une sélection naturelle qui fait que la société a progressivement sélectionné le système de valeurs qui répondait le mieux aux contraintes de survie qui étaient alors celles du plus grand nombre”. La culture est donc bien avant tout “la mémoire des règles de comportement bénéfiques sélectionnées par le groupe”.»

    […] «La vraie nature du “traditionalisme” hayékien apparaît d'ailleurs clairement dans sa critique de l'“ordre tribal”, dont les différentes formes de constructivisme constitueraient autant de résurgences anachroniques. L’“ordre tribal” n'est en effet rien d'autre que la société traditionnelle par opposition à la société moderne, ou encore la communauté par opposition à la société. Et ce sont précisément tous les traits caractéristiques des sociétés traditionnelles et communautaires, organiques et holistes, que l'on trouve condamnés chez Hayek, comme autant de traits antagonistes de la “grande société”.

    »La tradition dont Hayek se fait le défenseur, est au contraire une “tradition” qui ne connaît ni finalité collective ni bien commun, ni valeur sociale, ni imaginaire symbolique partagé. En bref, c'est une “tradition” qui n'est valorisée que pour autant qu'elle naît de la désagrégation des sociétés “archaïques” et qu'elle la parachève. Paradoxe d'une pensée antitraditionnelle qui s'avance sous le masque de la “défense des traditions”! »

    Traditionalistes, l'ultra libéralisme a les moyens de vous tenter! Ou de se prétendre des vôtres. Il pointe aussi, l'hostilité absolue et revendiquée de cette pensée à toute forme de justice sociale ou de soucis d'un bien commun:

    «On doit obéissance à l'ordre du marché parce qu'il n'a été voulu par personne et qu'il s'est imposé tout seul. L'homme doit suivre l'ordre établi sans chercher à le comprendre ni surtout à se rebeller contre lui. Subsidiairement, les “perdants” doivent se doter d'une nouvelle morale philosophique selon laquelle “il n'est que normal d'accepter le cours des événements lorsqu'ils vous sont défavorables”. C'est l'apologie sans nuance de la réussite, quelles qu'en soient les causes, en même temps que la négation radicale de l'équité au sens traditionnel du terme.»

    (Et même au sens de Rawls, peut-on ajouter.)

    Le propos de l'article était de critiquer l'idée d'un “capitalisme national” se donnant de telles références. À une époque où on importe en France les recettes ultra-libérales tout en se gargarisant à l'identité nationale, il vaut d'être relu.

    Aglietta, venu d'un autre horizon, est plus radical en ceci qu'il ne s'attaque pas à telle variante extrémiste de l'économisme mais à l'imprégnation idéologique qui marque à peu près toute l'économie. Exemple:

    «La monnaie est ce par quoi la société rend à chacun de ses membres ce qu’elle juge qu’il lui a donné. Définition générale [qui] n’a de sens que si la société est une entité différente de la somme de ses membres. Elle s’oppose donc à l’individualisme méthodologique qui est le postulat standard de la démarche économique. Mais au nom de quoi cette opposition est-elle légitime ? Au nom d’un principe d’appartenance qu’on appelle la souveraineté. C’est un mode d’existence du collectif sans lequel aucune société humaine ne peut exister. Il est radicalement irréductible à toute relation interindividuelle. La raison ontologique se trouve dans la limite infranchissable de l’existence humaine qui est la mort. La source de la souveraineté se trouve à l’extérieur de toute existence humaine : l’immortalité postulée de la société face à l’expérience de la mortalité de ses membres. qu’elle est pérenne, la société déploie une puissance de protection de la vie de ses membres. Sans cette puissance il n’y a pas de groupe humain et pas de vie possible. La contrepartie de cette puissance est la dette de vie membres de la société à l’égard du souverain.»

    L'économie ne comprend rien à la monnaie par ignorance de la souveraineté, affirmation frappante de l'article “monnaie et histoire”, (http://economix.u-paris10.fr/pdf/journees/mmei/2007-01-30_Aglietta.pdf) sur lequel je me permet d'attirer de nouveau l'attention des lecteurs de dedefensa.

    Le rapatriement de l'économie dans la société qui est le centre de cette pensée est un soulagement pour l'esprit. Il ne s'agit pas seulement de détruire les positions de tel prophète du marché mais de libérer l'économie de tout prophétisme, et de montrer les premiers résultats d'un tel travail: la démystification, comme en passant, de toute une série d'écoles très largement à l'honneur.

    Sur Aglietta, l'Encyclopédia Universalis 2007 démarre ainsi sa présentation:

    «L'école de la régulation est l'une des rares écoles de théorie économique contemporaine à posséder une dimension fortement française. À partir des travaux fondateurs de Michel Aglietta et de Robert Boyer, elle apparaît au milieu de la décennie de 1970, dans un moment très particulier qui, aux États-Unis comme en Europe, est celui du passage avéré de la croissance à la crise, signifiant la fin des Trente Glorieuses. La théorie de la régulation se constitue ainsi, en affrontant un défi particulier : tenter d'expliquer le passage de la croissance à la crise, sans recourir à des deus ex machina, ou autrement dit sans invoquer de chocs externes. »

    Sans invoquer non plus les démons spéculateurs. J'ignore s'il faut considérer cette “dimension fortement française” de l'école de la régulation comme une manifestation de la tradition de souveraineté du pays ou comme effet de la forte imprégnation marxiste des années soixante-dix en France. Les deux peut-être.

    Il y a d'autres démystificateurs, l'effondrement en cours suscitant une littérature à mesure, ou rendant audible celle qui préexistait. Mais peu me semblent attaquer si frontalement que Aglietta ce qu'il y a d'oppressant dans le discours économique, tant standard que fanatique.

     

    Géo

     

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  • Flash n°31 : l'affaire Pie XII !

    Le nouveau numéro du magazine Flash est disponible avec, notamment, un dossier sur l'affaire Pie XII. 

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    Au sommaire :
    UN DOSSIER EXCLUSIF : Saint Pie XII ? Les raisons d’une polémique.
    • Ces juifs qui le défendent, ces chrétiens qui l’attaquent…
    • Les réponses de…
    Éric Letty (Monde et vie)
    Tareq Oubrou (Recteur de la mosquée de Bordeaux)
    Alain de Benoist (philosophe)
    • Philippe Bourdrel et Bernard Plouvier : deux historiens font le point !

    Témoignage d’un bankster repenti : “Comment on gruge les petits clients…”

    Mieux que la maffia sicilienne : la “gjakmarria”… la vendetta kosovare ! Analyse de Christian Bouchet.

    Noël à Gaza : pas de trêve pour les braves ! Notre correspondant, Ibrahim Jouda, nous rapporte des nouvelles palestiniennes… pas toujours roses, forcément.

    Evo Morales : les Boliviens ont-ils voté pour un fasciste ?

    Les naufragés du sarkozyme : ces “people” frappés par la malédiction. Nicolas Gauthier dresse la liste des disparus.

    On va tous mourir ? Non. L’épidémie de grippe A n’a pas pris. Topoline décrypte l’erreur marketing de Madame Bachelot. Cette fois ci, la trouille ne s’est pas déclarée.

    Taxe Carbone, grippe cochonne, renflouement des banques, 11 septembre… Alain Soral revient sur les plus belles “foirades” de l’année 2009.
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  • Nouvelle Ecole N°59 : Oswald Spengler

    Comme nous vous l'indiquions il y a quelques semaines, le numéro 59 de la revue Nouvelle Ecole sera bien consacré à Oswald Spengler.La couverture présentée ci-dessous est librement imaginée par Métapo infos !...

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    Il est possible de pré-commander ce numéro en s'abonnant pour un numéro à la revue Nouvelle Ecole.
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  • Les Français : un dossier de Spectacle du Monde

    Le numéro de janvier de la revue Le Spectacle du Monde, en kiosque depuis quelques jours, comprend un bon dossier sur la France et les Français qui comporte, notamment, un article d'Alain de Benoist consacré à l'esprit français. On y trouve aussi les rubriques habituelles sur l'actualité internationale et la culture ainsi que la chronique politique d'Eric Zemmour.

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  • Eléments n°134 : La question animale

    Le nouveau numéro de la revue Eléments arrive prochainement en kiosque. Son dossier central sera consacré à la question animale et à une réflexion autour du récent livre d'Yves Christen, L'animal est-il une personne ? .

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    En 1755, dans son Traité des animaux, Condillac écrivait : « Il serait peu curieux de savoir ce que sont les bêtes, si ce n’était pas un moyen de savoir ce que nous sommes ». Tout discours sur l’animal a en effet des retombées sur l’homme, qu’il s’agisse pour ce dernier de se concevoir lui-même comme un animal ou de se désolidariser des animaux. Mais ce n’est là qu’un aspect d’une problématique beaucoup plus vaste, dont les enjeux philosophiques, scientifiques, idéologiques et religieux sont considérables et qui, depuis bientôt deux millénaires, a suscité des controverses innombrables. Cette problématique est celle de la place qu’occupe l’homme dans la nature. Le débat reste ouvert. Il est immense.

    Au sommaire
    Dossier : la question animale
    • L’animal est-il une personne ?
    Débat avec Yves Christen et Jean-François Gautier
    L’homme est plus qu’un animal, par Alain de Benoist
    • La question du "droit des animaux", par Alain de Benoist
    • Réponse à Alain de Benoist, par Yves Christen

    Et aussi...
    • Ce que nous devons à Lévi-Strauss, par Eric Norden
    • Les trois écoles de Mona Ozouf, par Fabrice Valclérieux
     L’impossibilité de rendre la droite intelligente, par Pierre Le Vigan
    • Pour réapprendre à penser avec la Chine, par Paul Masquelier
    • Repenser le monde avec Whitehead, par Pierre Le Vigan
    • Edmond Picard, le Belge qui gêne, par Frédéric Guchemand
    • La faille de l’impressionnisme, par Jean-François Gautier
    • Jean-François Davy et Roberto Rossellini, par Ludovic Maubreuil
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  • Le peuple juif a-t-il été « inventé » ?

    Les éditions Flammarion ressortent dans leur collection de poche Champs Comment le peuple juif fut inventé, le livre explosif de l'historien israëlien Shlomo Sand, déjà auteur d'un excellent Le XXe siècle à l'écran (Seuil, 2004) . La revue Eléments, dans son dernier numéro, avait recensé la première édition de ce livre sous la plume d'Alain de Benoist.

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    Le peuple juif a-t-il été « inventé » ?

    A l'époque du romantisme, tous les peuples européens ont commencé à rêver leur propre histoire de manière plus ou moins ethnocentrique. Le peuple juif n'a pas échappé à la règle. Tel est le point de départ de la thèse «provocante» soutenue par Shlomo Sand, professeur d'histoire à l'Université de Tel-Aviv, et auteur par ailleurs d'excellents travaux sur Georges Sorel. L'idée d'une continuité ethnique du peuple juif, s'étendant sur quatre millénaires, ne serait que le fruit de l'imagination d'auteurs juifs du XIXe siècle, qui ont rétrospectivement reconstitué un peuple «idéal» dans l'intention de façonner une nation future. Pour démontrer sa thèse, l'auteur s'appuie sur les recherches de l'école israélienne des «nouveaux historiens», mais aussi sur les théories d'Ernest Gellner et Benedict Anderson relatives à l'« idéologie nationale ». L'ouvrage est bien documenté, qu'il s'agisse de la critique du «mythe constitutif» fourni par le récit biblique (une «mythistoire») ou de l'histoire de la diaspora. Sand rappelle au passage qu'un Vladimir Jabotinsky, l'un des fondateurs de la droite révisionniste-sioniste, n'hésitait pas à définir le peuple juif par son «type physique et racial» en alléguant les recherches de raciologues sionistes comme Arthur Ruppin. Il va néanmoins trop loin quand il fait bon marché des études réalisées récemment sur l'ADN des communautés juives qui, même imparfaites (elles ne portent que sur les lignées masculines), semblent au moins démentir le bien-fondé de la thèse faisant descendre les Juifs Ashkenazes des anciens Khazars. Dans les milieux ultra-sionistes, cette «déconstruction» a bien entendu fait scandale, d'autant qu'elle s'achève sur une critique argumentée de l'« ethnocratie » israélienne - ce qui n'a pas empêché le livre de devenir un best-seller en Israël. Il faut reconnaître à Shlomo Sand le mérite d'avoir ouvert de façon sérieuse un débat trop longtemps esquivé.

    Alain de Benoist.

    Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé. De la Bible au sionisme, Champs - Flammarion, 606 p., 12 €.

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